Patricia Lollia sublime les racines d’arbres et le bois flotté

Le stand de Patricia Lollia a reçu de nombreuses visites lors de la 10e édition de la Pool Art Fair Guadeloupe qui s’est déroulée du 14 au 16 juin dernier à Pointe-à-Pitre. La plasticienne guadeloupéenne y présentait, entre autres, de superbes oeuvres d’art réalisées avec du bois flotté et des racines de plantes.

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Lors du vernissage de la Pool Art Fair Guadeloupe qui a eu lieu le jeudi 13 juin dernier, nous avons tout de suite été attirés par les oeuvres originales présentées par Patricia Lollia. Le samedi 15 juin, dans l’après-midi, nous nous de nouveau sommes rendus à son stand où se trouvait d’ailleurs son époux Alex Lollia, l’ancien syndicaliste très connu et professeur de philosophie au lycée qui était venu l’encourager à l’occasion de sa première participation à ce grand rendez-vous culturel ; c’était d’ailleurs la première fois qu’elle montrait son travail au public. Malgré les flux incessants de visiteurs qui désiraient voir de près les créations et les photographier, saluer et discuter quelques minutes avec l’artiste guadeloupéenne, nous avons réussi à passer près d’une heure en sa compagnie.

Pour cette exposition-vente, l’artiste avait baptisé son stand “Nature et Création artistique”. Notre premier constat était que, selon Patricia Lollia, les bouts de bois et les racines que beaucoup d’entre-nous seraient prêts à mettre à la déchetterie valent de l’or. Grâce à son imagination très débordante, la plasticienne parvient à les sublimer et à leur donner une nouvelle vie dans nos salons. J’ai ramassé les plus petits bouts de bois flotté (ainsi qu’un corail aux reflets violets naturels) qui m’ont permis de créer ces oeuvres sur la plage de La Datcha au Gosier après le passage du cyclone Maria. Les plus grands bouts de bois, je les ai trouvés à Saint-Félix, toujours dans la commune du Gosier. Certaines racines proviennent de mon jardin. L’élément vous donne le sujet. Grâce à son imagination, sa créativité l’artiste ne voit pas seulement un vulgaire bout de bois, il verra autre chose, un chef-d’oeuvre”, explique-t-elle.

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Des oeuvres d’art et des histoires

Pour donner vie à ses bouts de bois, l’artiste a ajouté des yeux artificiels, parfois des noix de coco en guise de tête, de gousses de graines de flamboyant en guise de chaussures, des brindilles ou de la ficelle en guise de chevelure, des clous, un chapeau etc.

Elle n’a pas eu de traitement particulier à faire pour préparer le bois flotté et les racines, ceux-ci ont été peints avec de la peinture acrylique. Il a fallu trois mois à Patricia Lollia pour mettre en place cette collection d’une quarantaine de pièces.

Le monde animal avec la tête d’une girafe ou un serpent, les créatures de nos contes et légendes comme le “Mofwazé”, la “Bèt a Man Ibè” ou “La Diablesse”, ainsi que l’Homme comme l’“Homo Erectus”, “The Black Diva” ou les quatre danseurs des rythmes du gwoka faisaient partie, des thèmes d’inspiration de la plasticienne.

Ensuite, Patricia Lollia a baptisé ses créations: “ma fille m’a dit qu’il fallait trouver des noms et raconter une histoire pour chacune d’entre elles. Au début, je ne voyais pas la nécessité car j’étais dans la production mais j’ai pris beaucoup de plaisir à écrire ces histoires et j’ai effectué des recherches pointues sur nos contes et légendes”, affirme-t-elle.

Avant d’intégrer récemment la “communauté artistique”, Patricia Lollia a exercé en tant que psychologue dans les établissements scolaires de la Guadeloupe, elle est partie à la retraite il y a cinq ans.

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Près de 2 années dans le monde de l’art

En novembre 2017, alors qu’elle était enfermée dans un appartement à Paris, elle commence à dessiner et à peindre pour s’occuper. “Auparavant, je faisais comme beaucoup de monde, je me rendais – notamment quand je voyageais – dans des musées, des galeries pour connaître le style des artistes. J’ai eu l’occasion de visiter le Musée Picasso car j’aime beaucoup ce peintre qui fait partie de mes sources d’inspiration avec Jean-Michel Basquiat, Michel Rovelas et son tableau “La Huelga”, Michèle Chomereau-Lamotte, Joël Nankin ainsi que les peintres de l’art naïf haïtien…”, raconte-t-elle.

Dans son stand, l’artiste présentait d’ailleurs une oeuvre composée de onze toiles avec plusieurs portraits de femmes vêtues de wax et portant parfois des colliers de perles inspirée du célèbre peintre espagnol Pablo Picasso qui a beaucoup peint les femmes de sa vie : “lorsque l’on voit son titre – “Complot” – on pense que ces femmes sont rassemblées dans un but négatif mais en réalité elles sont en train de mettre en place l’organisation des femmes du monde”, explique-t-elle.

Après cette première participation à la Pool Art Fair Guadeloupe, il est clair que Patricia Lollia, l’artiste autodidacte, a davantage confiance en elle et qu’elle continuera à créer et à montrer ses oeuvres ici et ailleurs. “La Guadeloupe est un pays magnifique malheureusement nous ne savons pas le protéger, nous avons une nature généreuse, nous devons la mettre en valeur, c’est ce que je fais à travers le recyclage”, déclare l’artiste.