Joël Salien:”C’est un pas de plus vers une possible carrière d’écrivain”

Joël Salien: "la nouvelle est un genre auquel je m’exerce depuis plus de huit ans"

Nous le savions déjà: il existe en Haïti un vivier de jeunes passionnés par l’écriture, la littérature. L’un d’entre-eux – Joël Salien – vient de se distinguer au concours international de nouvelles organisé l’an dernier par l’Institut de Recherches et d’Applications des Méthodes de Développement (IRAM) à l’occasion de ses 60 ans d’existence. Les candidatures ont été clôturées le 30 septembre 2017 et les résultats viennent d’être proclamés.

Joël Salien, âgé de 26 ans, se classe à la 2e place dans la catégorie des participants de moins de 30 ans avec sa nouvelle intitulée “Baby”.

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Selon l’IRAM, cette association fondée entre autres par Henri Grouès dit l’abbé Pierre, “les délibérations du jury n’ont pas été faciles au vu de la qualité des textes qui lui ont été transmis”. Ce jury était présidé par le célèbre écrivain sénégalais Cheikh Hamidou Kane et composé entre autres de l’écrivain haïtien Makenzy Orcel.

Le thème de ce concours littéraire était “Rencontrer l’autre et devenir soi”. Deux catégories d’auteurs avaient été créées : l’une pour les moins de 30 ans, l’autre pour les plus de 30 ans. Dans chaque catégorie, le premier et le deuxième prix remportent respectivement 1 000 € et 500 €. Les nouvelles primées seront publiées aux Éditions Karthala dans un recueil qui sera disponible lors de la cérémonie de remise des prix qui aura lieu le 22 juin 2018 en France.

Parmi les îles francophones de la Caraïbe, Haïti a été la seule à avoir participé à cet événement. En effet, 14 auteurs haïtiens figurent parmi les 379 candidats venus de près d’une trentaine de pays situés sur les cinq continents. Deux d’entre-eux ont été finalistes: Carl-Henry Pierre et Joël Salien.

Kariculture.net a interviewé, Joël Salien, ce jeune auteur originaire de Port-au-Prince sur les raisons de sa participation à ce concours littéraire.

Joël Solien 2

KARICULTURE.NET: Quelles études avez-vous fait?

Joël Salien: J’ai étudié le travail social et le droit à l’Université d’État d’Haïti. Actuellement, j’occupe le poste de travailleur social dans une ONG locale.

KARICULTURE.NET: D’où vient votre intérêt pour l’écriture, la littérature ?

J.S.: Cela a commencé avec la lecture de récits dans la Bible de mon père et mes manuels scolaires. À cette époque, j’avais 10 ou 11 ans. Il y eut aussi les devoirs de rédaction qui me donnaient l’occasion de développer mon imagination. Par la suite, j’allais prendre plaisir à lire des magazines de jeunesse et des contes pour enfant à la bibliothèque de mon école. À l’âge de 13 ans, je me suis inspiré de ces bouquins pour écrire un conte que j’ai intitulé “Bertrand et la carte magique”. À l’âge de 16 ans, avec des camarades de classe, j’ai créé un club littéraire. Cela n’a pas fait long feu. Mais, étant abonné à la Bibliothèque de la FOKAL et la Médiathèque de l’Institut Français, je prenais un immense plaisir à lire des romans, des recueils de nouvelles, des poèmes, des magazines littéraires. Chaque semaine, je découvrais un auteur, un livre. Parallèlement, j’aimais écouter des émissions littéraires à la radio. C’était l’adolescence avec son cortège d’émotions, de passions et de rêves. Tout cela me poussait à écrire.

KARICULTURE.NET: Pourquoi avez-vous eu envie de participer à ce concours littéraire de l’IRAM ?

J.S.: J’ai été d’abord attiré par le genre littéraire. En effet, la nouvelle est un genre auquel je m’exerce depuis plus de huit ans. Ensuite, le thème du concours, à savoir, “Rencontrer l’autre et devenir soi”, recoupe l’un de mes thèmes favoris : la construction identitaire.

KARICULTURE.NET: Votre nouvelle s’appelle “Baby”, de quoi parle-t-elle exactement ?

J.S.: Le récit est construit sous la forme d’un dialogue entre un mineur en détention et une étudiante en psychologie venue réaliser des entretiens pour son mémoire de licence. Le mineur raconte son vécu à l’étudiante, ses peines, ses plaisirs, ses désirs, ses rencontres, sa socialisation avant et pendant le séjour en milieu carcéral. Le texte a abordé la construction identitaire et divers aspects liés aux droits de l’enfant à savoir, la situation de l’orphelin, de l’enfant en domesticité, du mineur en conflit avec la loi, le droit à l’éducation.

KARICULTURE.NET: Vous avez remporté ce 2ème prix, quel est votre sentiment après avoir obtenu une si belle place à ce concours ?

J.S.: Je suis heureux d’avoir obtenu cette place à ce concours. Cela constitue pour moi non seulement une récompense pour mon travail et ma persévérance mais encore un encouragement à continuer de nourrir cette passion pour la littérature et l’écriture. C’est un pas de plus vers une possible carrière d’écrivain.

KARICULTURE.NET: Voulez-vous devenir écrivain ?

J.S.: Évidemment. C’est un rêve que je caresse depuis mon adolescence.

Affiche-concours nouvelles IRAM