Depuis la pandémie de Covid-19, on entend répéter que la culture connaît des difficultés sans précédents. Et pour cause : partout sur la planète, les lieux culturels ont été les premiers à fermer leurs portes, certains n’ont jamais rouvert depuis un an car ils sont considérés comme des espaces favorisant la propagation de la maladie. En Guadeloupe, certains espaces, notamment d’exposition de peinture, de sculpture ou de photographie ont rouvert en respectant des règles sanitaires strictes, d’autres sont restés fermés pour des raisons diverses et variées. Les artistes et organisateurs d’événements doivent composer avec cette ambiance plutôt morose et incertaine pour continuer à faire vivre la culture.
Dans les collectivités locales de Guadeloupe, le service culturel tourne donc au ralenti ou est à l’arrêt depuis une année alors pourquoi ne pas profiter de cette occasion pour mettre en place des séances de formation pour certains agents ou employés qui en ont besoin? Pourquoi ne pas utiliser ce temps mort pour revenir plus forts et offrir un service de qualité au public quand le Covid-19 laissera un peu de répit aux hommes?
Au fil des années, on s’est rendu compte que le service Culture est devenu une espèce de fourre-tout où se retrouvent des gens qui n’y ont pas leur place. Le mois dernier, nous vous avons raconté notre mésaventure avec un employé de L’Artchipel à Basse-Terre, une salle majeure en Guadeloupe ayant pourtant le label “Scène Nationale”, gage de qualité des spectacles proposés et gage de qualité du personnel qui y travaille mais apparemment ce n’est pas le cas. “Koukoune a manman-w!” a osé dire cet employé, la plus extrême des insultes guadeloupéennes, un comportement qui mérite une sanction car il constitue une faute professionnelle très grave, mais y a-t-il vraiment un capitaine dans le navire appelé L’Artchipel pour prendre une telle décision? Par ailleurs, certains employés n’imposent-ils pas leurs lois?
Ce n’est là qu’une illustration de l’état de formation médiocre ou inexistant de certains membres du personnel qui travaillent dans le domaine de la culture au sein de ces services publics. En effet, si certains employés y ont pleinement leur place parce qu’ils ont un niveau d’études ou une formation adéquate ou un intérêt pour la chose culturelle couplé à un savoir-être et une éducation basique qui s’acquiert au sein de la famille depuis le jeune âge (dire bonjour, au revoir, merci, s’il-vous-plaît etc.), des qualités qui donnent envie aux visiteurs de fréquenter assidûment ces lieux culturels, d’autres sont de véritables épouventails, et le mot n’est pas trop fort.
Souvent, lorsque vous allez dans ces lieux culturels, vous voyez ces employés assis là en train de papoter et de rire, en train de jouer dans leur téléphone portable ou de regarder à l’extérieur comme s’ils sont en train de relever les numéros des plaques d’immatriculation des véhicules qui passent dans la rue, certains ne respectent pas les horaires de travail etc. Vous dites “bonjour”, c’est à peine si on vous répond ou on vous regarde des pieds à la tête avant de vous répondre du bout des lèvres ; vous demandez un renseignement, on ne vous laisse même pas vous exprimer, on vous coupe la parole pour vous donner une mauvaise réponse. En fait, vous dérangez…
Si vous vous énervez et vous dites: “j’en parlerai à votre supérieur, au maire ou au président”, on vous répond : “Et qu’est-ce qu’il va faire?”. Eh oui, que fera Monsieur le Directeur ou Madame la Directrice, Monsieur le Maire ou Madame la Mairesse, Monsieur le Président ou Madame la Présidente?
Cela nous ramène à cet employé de L’Artchipel, Scène Nationale de Guadeloupe à Basse-Terre qui s’est cru autorisé à lancer des insultes, il sait que cette faute professionnelle lourde ne sera pas sanctionnée pour des raisons diverses et variées. Ce sentiment d’impunité fait que beaucoup d’administrés ne se plaignent pas auprès des responsables et ne fréquentent plus ces lieux culturels.
Mais d’où sortent ces agents? Comment ont-ils fait pour “atterrir” dans ces espaces culturels alors qu’ils n’ont aucune compétence pour être à cette place? S’agit-il d’emplois de complaisance?
En Guadeloupe, en ce moment, un syndicat des travailleurs mène une grève illimitée pour réclamer plus d’argent pour certains agents des collectivités locales… de l’argent qui sera pris dans les poches des administrés en augmentant les impôts. Conséquences: des mairies et autres administrations sont fermées, des écoles et des restaurants scolaires sont fortement impactés. On entend souvent dire que c’est l’élu qui a promis à ces personnes un job en échange de voix lors des élections passées.
Certes, ce mode de recrutement a beaucoup existé dans le passé et existe encore mais il existe aussi des personnes qui sont allées supplier l’élu (e) de les embaucher : “quelques heures suffiraient”, ont-elles précisé à l’époque et aujourd’hui, 20 ou 30 ans après, ce sont aussi ces personnes qui sont en grève car leur situation professionnelle n’a jamais évolué et souvent l’élu qui les a embauchées n’est plus au pouvoir…
Certains sont allés demander à l’élu d’embaucher leurs enfants, femmes, maîtresses, maris, amants, amis, voisins etc.
Certaines femmes seraient aussi arrivées là après avoir “vendu leurs charmes” ou “fè piès épi kò a yo”, comme on dit en créole, “si Mè-la mandé mwen sa, an ké bay sa” (si le Maire le demande “ça”, je lui donnerai “ça”), ai-je entendu une fois alors que je travaillais dans une collectivité locale…
Certains se sont montrés très supporters lors des élections en collant des affiches, en faisant du porte-à-porte par exemple et ont exigé un emploi en retour.
Dans une grande ville, certains qui étaient femmes de ménage ou agents d’entretien ont été placés dans les bureaux du service culturel pour remplacer des collègues partis à la retraite car la collectivité exsangue n’embauche plus… Ce changement de poste qui est considéré parfois comme un “avancement” ne les incite pas toujours à s’améliorer, à s’impliquer ce qui est dommage car même sans diplôme ils peuvent avoir une grande connaissance de notre culture guadeloupéenne…
Il est clair que lorsque la culture retrouvera son fonctionnement normal, le public aujourd’hui privé de concerts, de pièces de théâtre, d’expositions, de conférences, festivals ou autres spectacles n’acceptera plus ce manque de professionnalisme surtout qu’il est de plus en plus conscient que ses impôts servent aussi à payer ces employés.
Des formations s’imposent donc à certains employés de ces services culturels notamment dans l’accueil du public.