Les Guloyas : trésor culturel hérité des Petites Antilles

Le carnaval des Guloyas (Patrimoine de l'Humanité depuis 2005) a été créé par des habitants des îles anglaises des Petites Antilles et de la Martinique partis travailler en République Dominicaine au 19e siècle.

À l’Est de la République Dominicaine, se trouve est une ville appelée San Pedro de Macorís, située à 45 minutes de la capitale dominicaine. Une terre qui a connu son apogée il y a plusieurs décennies, une terre productive qui avait les principales usines sucrières du pays.

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Là-bas émigraient pour travailler non seulement des personnes venant d’autres provinces, mais aussi des gens d’autres pays et d’autres îles qui partaient à la recherche d’un travail dans ce lieu qui avait aussi d’autres riches sources d’emplois telles que les zones franches – de grandes usines où on fabriquait toutes sortes de choses – ainsi qu’un port où les plus grands navires du monde jetaient l’ancre.

Une partie des personnes qui ont émigré pour travailler dans les champs de canne à sucre provenaient des petites îles telles que Antigua, la Martinique, Tortola et d’autres encore et ont influencé les habitants de San Pedro de Macorís non seulement au niveau culinaire, mais aussi avec leur folklore. De cette fusion culturelle riche, sont nés Les Guloyas, une manifestation artistique où les membres se caractérisent par des costumes colorés et des danses joyeuses et contagieuses.

Selon les historiens, le nom “Guloya” vient de Goliath, l’histoire biblique de David et Goliath, cette inspiration a donné lieu aux Guloyas.

Leur garde-robe est caractérisée par des costumes colorés où prédominent le rouge, le jaune, le bleu, le vert et le orange, ces vêtements sont ornés de petits miroirs, de rubans de couleur, une cape et un long chapeau construit avec des plumes complétant la tenue flamboyante.

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La naissance des Cocolos

Les étrangers se sont intégrés de telle sorte que, peu à peu, les Dominicains ont adopté leurs traditions, quelque chose d’inévitable, car en formant une famille les uns avec les autres, est sorti un sang nouveau appelé les “Cocolos”. Les enfants qui sont nés de ces unions ont appris à parler les deux langues : l’espagnol et l’anglais. Les Anglais et les Dominicains ont fusionné toute leur culture, ce qui l’a rendu plus riche qu’elle ne l’était déjà.

Cette explosion culturelle s’est produite à la fin du 19e siècle et, de nos jours à San Pedro de Macorís, les Guloyas prédominent encore avec force, même si presque tous les fondateurs sont décédés.

Bien que les principales dates où les Guloyas sortent se produire avec leur danse devant les habitants de la ville sont les 25 décembre et 6 janvier, lors du carnaval et des fêtes patronales on les voit aussi danser au rythme de la grosse caisse, du triangle, de la flûte et du kettle, les instruments qui composent leur musique.

Nul doute que les Guloyas sont l’un des événements culturels les plus importants, non seulement pour les habitants de San Pedro de Macorís où ils ont pris naissance, mais aussi pour tout le pays et les îles caribéennes et plus encore depuis qu’en 2005, l’Organisation des Nations Unies pour l’Éducation, la Science et la Culture (UNESCO) les a proclamés “Chef-d’œuvre du Patrimoine Oral et Immatériel de l’Humanité”, cette reconnaissance remplissant de fierté tous les Dominicains.

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L’influence africaine des Guyolas

Claudio Rivera, un homme de théâtre originaire de San Pedro de Macorís publie cette déclaration sur le site internet de son Théâtre Guloya, nom qu’il a choisi en hommage aux Guloyas : “Les peuples anglais des Petites Antilles sont le produit d’un croisement racial de Noirs, anciens esclaves importés d’Afrique, avec des esclavagistes et des colonisateurs britanniques, les premiers étant l’élément majoritaire, tandis qu’évidemment les seconds maintenaient l’hégémonie politique, économique et sociale et donc, l’hégémonie culturelle. La musique, les danses et les chansons “cocolas” montrent ces deux composantes (…) La musique, par exemple, est formée d’un rythme qui est presque totalement d’influence africaine, de même que tous les mouvements et les pas de leurs danses proviennent de la culture africaine. Cependant, lorsque les danses sont dramatisées, la plupart des arguments sont basés sur des «enseignements» bibliques ou sur des légendes britanniques. En outre, l’influence britannique se fait sentir dans les paroles et les thèmes des chansons “cocolas”. Pour ce qui concerne les danses, qu’elles soient dramatisées ou non, l’ensemble orchestral “cocolo” qui les accompagne est constitué d’un “tambour basse”, d’un “tambour kettle” et d’un triangle, parfois avec l’inclusion d’une flûte.

Actuellement, ces arts ne perdurent que dans les enclaves “cocolos” de San Pedro de Macorís et de La Romana.