Gérard Hilaire est mort, un militant culturel guadeloupéen s’en est allé…

Gérard Hilaire - Photo: Évelyne Chaville

Beaucoup ont découvert Gérard Hilaire à travers Kako Art qu’il avait créé en 2005 à Baie-Mahault. De 2 salariés au départ, la structure allait en compter plus d’une trentaine en 2010. Autour de lui, il y avait des plasticiens, des designers, des musiciens, l’objectif était d’insérer les jeunes par l’intermédiaire de l’art. L’association aura laissé son empreinte dans le paysage culturel guadeloupéen.

Puis, en 2013, Gérard Hilaire créait une nouvelle association – Ka’Ribbean Art 971 pour prendre la relève de Kako Art car il voulait continuer à promotionner l’art dans sa diversité et faire valoir son caractère économique”. Était déjà lancé le Carrefour des Arts, un festival pluri-artistique pour favoriser la connaissance du patrimoine artistique et culturel, former et insérer par le travail les jeunes et développer l’économie touristique des communes de la Côte-sous-le-Vent. Le public était convié à découvrir l’art en pleine nature, au bord d’une rivière. On se souvient notamment de l’édition d’août 2017 qui rendait hommage à Patrick Saint-Éloi, le Roi du Zouk-Love et qui s’était déroulée à Ferry, Deshaies, avec des expositions de peinture et sculpture, de l’art thérapie, du body painting, de la musique, de la poésie, des contes ou encore un déjeuner à la rivière.

Ce natif de Pointe-à-Pitre ayant passé son enfance au Raizet (Les Abymes) était un passionné d’horticulture et, au cours de sa carrière d’éducateur, il a également inséré des jeunes Guadeloupéens dans ce secteur.

Gérard Hilaire était aussi un amoureux de la musique. Dans les années 90, il était manager et il travaillait avec une maison de disques. Gérard ne manquait pas d’apporter aux médias les nouveaux CD (les téléchargements par internet n’étaient pas encore à la mode) et de “défendre” les artistes dont il avait la charge. Gérard Hilaire, le créateur d’événements, était à l’origine du grand festival musical “Karukéra en Folie” drainant près de 40 000 spectateurs entre 1994 et 1996, ce festival ayant été relancé en 2018.

À la fin des années 90, on rencontrait Gérard dans un magasin à la rue Nozières à Pointe-à-Pitre, il parlait avec beaucoup de fierté d’une marque de vêtements appelée “100% Nèg”.

Gérard Hilaire avait toujours des projets plein la tête. En octobre 2019, lors de notre dernière rencontre à la Journée Portes ouvertes du Centre des Métiers d’Art à Pointe-à-Pitre, il nous avait parlé, entre autres, des difficultés financières qu’il avait rencontrées dues au manque d’aide de certaines collectivités locales, il parlait même de “chantage politique” pour démanteler Kako Art…

Cependant, Gérard ne se laissait pas abattre et nous avions convenu de nous rencontrer afin qu’il présente aux lecteurs de Kariculture ses nouveaux projets culturels. Malheureusement, l’épidémie de Covid-19 a retardé ce rendez-vous qui n’aura finalement pas lieu. Gérard Hilaire est décédé d’une crise cardiaque le mardi 20 septembre 2022 à l’âge de 64 ans.