Le centenaire de la naissance de Moune de Rivel sera grandiose

(De gauche à droite) Henri Bistoquet, Georges Brédent, Winny Kaona, Coréta Mouéza, Eddy Compper, Fred Liban / Photo: Évelyne Chaville

Le 7 janvier 2018, Cécile Jean-Louis Baghio’o, connue sous le nom de Moune de Rivel, aurait eu 100 ans. Il était impensable de ne pas profiter de cette occasion pour rappeler à la Guadeloupe et au reste du monde le parcours exceptionnel de cette artiste qui est un véritable monument de notre musique traditionnelle. La commémoration du centenaire de la naissance de Moune de Rivel a donc été décidée. La présentation du projet a eu lieu le 26 octobre dernier au Centre Culturel Rémi Nainsouta à Pointe-à-Pitre. 

Malheureusement, presque la totalité de la presse guadeloupéenne n’est pas venue à cette conférence de presse. 

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Beaucoup connaissent les talents de musicienne et de chanteuse de Moune de Rivel qui a d’ailleurs composé plus de trois cents titres, mais cette dernière était aussi une actrice, une productrice d’émissions radiodiffusées et une peintre. Véritable gardienne et ambassadrice de la culture musicale créole en France, en Finlande, en Suisse, en Norvège, aux États-Unis et sur le continent africain, Moune de Rivel avait également fondé un petit conservatoire en 1995 pour transmettre son savoir aux enfants.

Son oeuvre et sa carrière artistique très riches lui avaient valu plusieurs distinctions : Chevalier de l’Ordre national du Mérite en France (1966), Officier de l’Ordre national du Mérite (1994), Chevalier des Arts et des Lettres (1997) etc…

“Je suis contente, je pensais que je n’allais pas arriver jusque là (…) Je ne suis pas seule (…)”, ces mots prononcés par Winny Kaona (chanteuse et comédienne), lors de la conférence de presse du 26 octobre dernier, traduisent son soulagement d’être parvenue à lancer ce grand projet. En 1994, sur la scène du Centre des Arts de Pointe-à-Pitre, Moune de Rivel avait fait de Winny Kaona son héritière en lui demandant de faire vivre son oeuvre après sa disparition. Vingt-trois années après cette transmission de flambeau, Winny Kaona s’est dit fière de tout le travail qu’elle a accompli pour défendre ce patrimoine musical mais aujourd’hui, elle souhaiterait que toute la Guadeloupe s’empare de cet héritage. “J’ai beaucoup fait. Aujourd’hui, je veux que chacun porte la mémoire de Moune de Rivel. Vous avez des enfants, vous devez assurer la transmission des connaissances pour Moune mais aussi pour toutes les personnes qui ont fait quelque chose de bien pour le pays avant que nous soyons là (…)”, a-t-elle déclaré.

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Winny Kaona et Moune de Rivel

Des jeunes en quête de références

L’Association pour le Développement de la Musique Traditionnelle (ADMT) ainsi qu’un groupe de travail composé de personnes venues de différents horizons ont déjà proposé plusieurs manifestions prévues dès la fin de cette année 2017 et durant toute l’année 2018. Mais ce programme n’est pas exhaustif et d’autres personnes sont invitées à faire connaître leur contribution en vue d’honorer le plus largement possible la mémoire de Moune de Rivel. D’ores et déjà, des écoles, des associations, des collectivités publiques, des entreprises, des personnalités et artistes ont été contactés par les organisateurs. À noter que ce projet a obtenu l’adhésion totale de la famille de la célèbre artiste, en particulier celle de son petit-fils, Pascal Jean-Louis et celle de sa nièce, Éliane David.

Pour sa part, Winny Kaona travaille sur plusieurs actions dont : un ouvrage de près de 250 pages, illustré de nombreuses photos – “Moune de Rivel : La biguine au Coeur” – qu’elle veut présenter au Salon du Livre de Paris en mars prochain puis en Guadeloupe; des lectures théâtralisées sur la vie de Jean-Louis Baghio’o (le père de Moune de Rivel) en collaboration avec des collégiens; une émission culturelle sur la chaîne de télévision Canal 10, intitulée “Mounabiguine”.

Plusieurs personnes ont assisté à la présentation du programme du centenaire de la naissance de Moune de Rivel au Centre Culturel Rémi Nainsouta à Pointe-à-Pitre.

Coréta Mouéza (chanteuse lyrique et professeur d’éducation musicale) a remercié Winny Kaona pour l’énergie avec laquelle elle a concrétisé ce projet. “Je travaille sur deux biguines avec un groupe d’élèves bien sélectionnés qui va représenter l’esprit de Moune de Rivel”, a-t-elle dit.

Eddy Compper (producteur, organisateur de spectacles et actuel Directeur du Centre Culturel Sonis de la ville des Abymes) a souligné la recherche de références par les jeunes. “C’est très facile d’acquérir une culture extérieure. La Guadeloupe a besoin de références. On a besoin de guerriers, de personnes pour donner ces références à nos enfants. Moune était un précurseur, on a besoin de ce chemin-là”, a-t-il déclaré.

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Moune de Rivel, une pionnière musicale

Henri Bistoquet (écrivain, Président de l’Association Cuba Coopération Guadeloupe – ACCG) est chargé de faire en sorte que les rues, les places, les écoles, les édifices, les salles de spectacles et d’autres lieux portent le nom de Moune de Rivel.“C’est un travail de patience et j’ai du temps pour le faire (…) Il faut que les bailleurs sociaux dégagent le 1% culturel pour animer”, a-t-il affirmé.

Georges Brédent (avocat et Président de la Commission Culture au Conseil Régional de la Guadeloupe) a fait un long plaidoyer pour défendre ce projet : “Nous devons construire une mémoire collective, c’est fondamental. Des personnalités comme Moune de Rivel doivent être mises en relief. Nous pourrons ensuite établir un “Calendrier de la Mémoire” pour célébrer chaque personne non pas comme un rituel car après l’événement on ne se souviendrait plus de rien (…) Moune de Rivel était une pionnière en matière de musique, elle a véhiculé une image très positive à un moment où cela n’était pas facile ; de plus, elle était une femme (…) Nous lui devons ce courage d’avoir porté la musique guadeloupéenne à Paris. La Guadeloupe ne lui a pas rendu l’hommage qu’elle lui devait, on l’a rangée dans la catégorie folklore”.

Fred Liban (Directeur commercial des Grands Moulins des Antilles) a également salué la volonté de Winny Kaona de faire de cet événement une réussite. Les GMA sont l’unique entreprise de l’île qui a accepté – pour le moment – de soutenir financièrement l’organisation du centenaire de Moune de Rivel. “Les GMA sont une entreprise citoyenne. Nous sommes présents dans tous les foyers guadeloupéens avec nos produits. C’est dommage que d’autres entreprises locales ne jouent pas le jeu. Moune de Rivel est une personnalité très importante de la Guadeloupe, une référence”, a-t-il dit.

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La biguine, une musique bien vivante

Moïse Benjamin dit “Benzo” (enseignant, conteur, chercheur en art et tradition, professeur de créole, comédien, écrivain et musicien) était, lui aussi, présent à ce rendez-vous avec la presse. “La biguine n’est pas une musique moribonde comme beaucoup le pensent. Dans les “Chanté Nwèl”, les gens ne savent pas qu’en réalité ils chantent et dansent de la biguine. Sur le CD du groupe Kasika qui sortira au cours de ce mois de novembre, il y a sept biguines”, a-t-il précisé. Benzo et le groupe Biguine Siwo préparent un medley de quatre titres de Moune de Rivel qui figurera sur le CD “Moune a Tout Moun”.

Catherine Parize (chanteuse) était la dernière personnalité à prendre la parole. Elle fait partie des artistes ayant accepté d’interpréter des chansons de Moune de Rivel sur le CD “Moune a Tout Moun”. “C’est formidable que Winny m’aie choisie. Il y a vingt ans, j’avais chanté les titres de Moune de Rivel, Stellio, Manuella Pioche (…)”, a-t-elle affirmé.

Malheureusement, à part votre magazine culturel sur internet, Kariculture.net et l’unique quotidien local (arrivé tardivement), aucun média guadeloupéen n’a assisté à cette conférence de presse sur la présentation des célébrations du centenaire de Moune de Rivel. Pourtant, la Guadeloupéenne qui était surnommée “La Grande Dame de la Chanson Créole” peut être aisément comparée à une autre grande dame de la chanson appelée la “First Lady of Song”, à savoir l’Américaine Ella Fitzgerald…

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         Quelques actions du centenaire de Moune de Rivel

  • Édition d’un livre : “Moune de Rivel : La Biguine au Coeur” de Winny Kaona
  • Exposition itinérante : “Moune de Rivel : Une vie en Chansons” (Vernissage le 6 avril 2018 au Pavillon de la Ville à Pointe-à-Pitre)
  • Production d’un CD : “Moune a Tout Moun” – une sélection de 10 chansons interprétées par des artistes contemporains (Erauss ; Leedyah Barlagne ; Xénia Caraïbes ; Coréta Mouëza ; Chorale de 6 enfants ; Catherine Parize ; Benzo & Biguine Siwo ; Maskaklé ; Winny Kaona)
  • Lectures théâtralisées : “Vie de Henri Jean-Louis Baghio’o” (Père de Moune de Rivel)
  • Florilège de poèmes de Moune de Rivel : “Îles et Rivages” par des lycéens
  • Quator de guitaristes : “Mouneguita”
  • Émission culturelle sur Canal 10 : “Mounabiguine” animée par Winny Kaona
  • Concours de biguine : “Trophées Moune de Rivel”, 1ère édition animée par Eddy Gustave
  • “Show Moune de Rivel” avec divers artistes et associations
  • Création chorégraphique avec le groupe “Akadémiduka”
  • Réalisation de fresques
  • Conférences sur l’oeuvre de Moune de Rivel

 

Moune de Rivel : une étoile créole inoubliable