Le Reggae est enseigné dans plusieurs universités, le savez-vous?

Au mois de septembre dernier, VP Records nous rappelait que “la musique reggae est plus qu’un riddim sur lequel on danse, c’est un genre d’étude”. En effet, aux États-Unis et en Angleterre par exemple, ce genre musical caribéen est enseigné dans les écoles supérieures (Université du Minnesota, Wolfston College de Cambridge, Université de Washington à St. Louis) et permet aux étudiants d’obtenir des crédits afin de décrocher leurs diplômes. Nous, les Caribéens qui écoutons régulièrement du reggae, le savons-nous? Savons-nous également que l’Université des West-Indies qui est implanté sur plusieurs campus dans la Caraïbe (Barbade, Jamaïque, Antigue & Barbude, Trinidad & Tobago) a, elle aussi, inscrit le reggae sur son programme d’enseignement?

La plus grande maison de disques, spécialisée dans le Reggae et le Dancehall et basée à New-York, nous disait également que cette musique popularisée par l’inoubliable Bob Marley est enseignée sur le Campus de Mona en Jamaïque. En effet, en consultant le site internet de l’Université des West-Indies, nous apprenons que cette “Unité d’études sur le Reggae a été créée sur la base de la reconnaissance de l’influence de la musique reggae sur les cultures jamaïcaine et mondiale” et que celle-ci a quatre grands objectifs, à savoir : accroître la recherche et l’enseignement liés au reggae dans divers domaines (le cinéma, la musicologie et la danse) à la faculté des sciences humaines ; établir un centre de documentation spécialisé contenant diverses ressources relatives à la culture de la musique reggae ; créer des partenariats avec des institutions locales et internationales afin de promouvoir les études sur le reggae ; parrainer ou coparrainer des séminaires, des conférences, des conférences publiques, entre autres, et aider à la publication des résultats des recherches.

On apprend, par ailleurs, que l’une des principales activités de l’Unité d’études du Reggae à Université des West Indies est la Conférence annuelle Bob Marley. Cette rencontre qui porte le nom du “plus célèbre ambassadeur culturel jamaïcain” a été organisée pour la première fois en 1997 au cours du mois de février, mois de naissance de l’icône culturelle jamaïcaine. Cette Conférence annuelle Bob Marley est maintenant organisée par l’Institut des Études Caribéennes et son Unité d’études sur le Reggae en collaboration avec la Fondation Bob Marley.

“Depuis leur création, les conférences annuelles Bob Marley ont été conçues pour honorer et célébrer les contributions de Bob Marley, sa musique et son héritage, ainsi que pour mettre en lumière les questions relatives à la musique et à la culture populaires jamaïcaines. À ce titre, les Conférences annuelles Bob Marley se concentrent sur un large éventail de questions relatives à la vie et à l’œuvre de Bob Marley, à la musique reggae, à la musique et à la culture jamaïcaines, à partir d’une série de disciplines universitaires et de points de vue populaires”, précise l’Université des West Indies, Campus de Mona à Kingston.

En outre, la Conférence internationale sur le Reggae (anciennement Conférence mondiale sur le reggae) dont la première édition a eu lieu du 18 au 24 février 2008, est organisée tous les deux ans, également au mois de février, sur le Campus de Mona par l’Unité d’études sur le Reggae en partenariat avec d’autres organisations. La 7e édition qui s’est tenue du 16 au 19 février 2022 dont le thème était “Les films de Reggae, les Icônes du Reggae, la Musique Reggae” (Reggae Films, Reggae Icons, Reggae Music) a fait un focus sur le 50e anniversaire de “The Harder They Come”, le premier long-métrage jamaïcain sorti le 6 juin 1972, avec la légendaire superstar Jimmy Cliff.

“La conférence consolide et diffuse les connaissances sur l’impact mondial de la culture populaire jamaïcaine”, précise l’Université. Quant à l’universitaire, l’écrivaine et l’activiste culturelle jamaïcaine Sonjah Stanley Niaah, elle écrit : “Il est important de noter que l’exploration culturelle qui a donné naissance aux Conférences mondiales sur le Reggae s’inscrit dans une tradition qui a débuté en 1996 lorsque la première Conférence sur la Culture caribéenne a été organisée à l’Université des West Indies, à l’initiative du professeur Barry Chevannes, pour célébrer l’éminent héritage intellectuel du professeur Rex Nettleford, ancien vice-chancelier de l’Université des West Indies. La deuxième Conférence sur la Culture a rendu hommage à l’historien et poète barbadien, le professeur Kamau Brathwaite. La troisième Conférence sur la Culture caribéenne a mis l’accent sur un mouvement de masse de la conscience populaire et les Conférences mondiales sur le Reggae continuent dans cette veine”.

Rappelons que le 29 novembre 2018, le reggae a été inscrit sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité par l’Unesco. Le reggae – indissociable du rastafarisme – qui est un mélange de ska, rocksteady, jazz et blues, est apparue à la fin des années 1960 et est devenue la musique des opprimés.

Dix ans auparavant, le 9 janvier 2008, février a été déclaré officiellement “Mois du Reggae” par le gouvernement de la Jamaïque afin de célébrer l’impact de ce genre musical sur le développement de la société, la culture et l’économie de l’île ; le 1er juillet étant la “Journée internationale du Reggae”

Les îles de la Caraïbe sont des terres où se concentrent de nombreux rythmes et danses forgés dans l’histoire douloureuse des peuples qui sont connus mondialement, certains sont aussi devenus “Patrimoine culturel immatériel de l’humanité” comme le Gwoka de Guadeloupe (2014) ou la Rumba de Cuba (2016).