Marylène Agat veut libérer le “Papillon”

Née à Paris de parents originaires de la Martinique, Marylène Agat est une artiste plasticienne qui vit en Guadeloupe depuis une dizaine d’années. Elle prépare actuellement sa prochaine exposition après avoir participé à la 10e édition de la Biennale Marché Art Contemporain (BMAC) du Marin en Martinique et à une exposition collective à la Médiathèque Georges Nicolo du Gosier (Guadeloupe) sur le thème “Regards d’Artistes sur le Code Noir” avec les plasticiens Thierry Lima et Stonko.

Elle nous parle de l’une de ses dernières grandes expositions – “Volé, Papillon Volé!” – qui s’est tenue à la Salle Rémi Nainsouta de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) en avril 2015.

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Le “Papillon” dont parle l’artiste est, bien évidemment, l’île de la Guadeloupe, à cause de sa forme. “Je lui demande de s’envoler, de bouger à tous les niveaux. Nous sommes souvent négatifs, nous nous plaignons. Certes, nous sommes blessés par l’esclavage et l’école doit faire son travail d’éducation pour ne pas oublier le passé. Mais, nous devons faire le deuil de l’esclavage. Nous avons trop tendance à prendre l’esclavage en otage. Oui, le colonialisme a existé, aujourd’hui, nous sommes dans le métissage, les portes sont ouvertes (…), explique Marylène Agat, avec force. Pour illustrer son propos, l’artiste a réalisé 41 oeuvres avec de la peinture à l’huile de couleurs vives et du noir sans oublier différents matériaux (sable, bois etc.).

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Du pastel à la peinture à l’huile

Plusieurs tableaux ont retenu l’attention du public. Parmi eux, “Destreland” qui symbolise la société de consommation et qui est aussi le nom du plus grand centre commercial de la Guadeloupe ; “Milénis” qui “rappelle nous un bateau négrier”, précise Marylène Agat mais qui est aussi le nom d’un autre centre commercial de l’île ; “Désolation” qui signifie “les revendications jusqu’au bout”, dit l’artiste ou encore “Complot” qui est “une idée du Nègre luttant contre le Nègre, explique la jeune femme ; quant au tableau “Les Âmes en Paix”, il symbolise le repos des défunts. Par ailleurs, la chaîne est très présente dans les oeuvres, tantôt elle est cassée, tantôt elle emprisonne.

La première exposition de Marylène Agat a eu lieu en décembre 2005, il s’agissait d’une dizaine de tableaux au pastel. En octobre 2006, la plasticienne a présenté un travail intitulé “Entre Ciel et Terre” composée de 85 tableaux, à la Salle Rémi Nainsouta de Pointe-à-Pitre qui deviendra alors sa salle fétiche. L’année suivante, elle est donc revenue avec une autre exposition dénommée “Antan Lontan Jòdi Jou Rivé”, formée de 75 oeuvres. En avril 2009, son nouveau travail “Kaz An Nou” a été consacré à la disparition de la petite case créole. Ensuite, ont suivi les expositions “Kwayandiz, Jòdi Jou” sur les croyances, en 2011 et “La Violence”, en 2013.

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Une artiste militante

Marylène Agat a des attentes particulières concernant le nouveau Mémorial ACTe cette immense structure consacrée à l’esclavage, inaugurée le 10 mai 2015 en présence du Président de la République française, François Hollande, de chefs d’État et de Gouvernement de la Caraïbe et d’Afrique. L’artiste était d’ailleurs présente sur le site de l’ancienne usine sucrière de Darboussier le jour de l’ouverture au public, le 7 juillet 2015, afin de visiter ce lieu de mémoire et d’histoire. “J’attends un espace qui raconte l’esclavage aux enfants, un lieu d’apprentissage, un espace montrant la culture de la Guadeloupe et de toute la Caraïbe et j’attends surtout un espace où ce ne seront pas toujours les mêmes artistes qui exposent leurs oeuvres (…), avait-elle déclaré.

Marylène Agat, simplement une artiste militante.