Centre des Arts et de la Culture: le redémarrage du chantier est-il de nouveau compromis?

Depuis le mois de novembre 2022, une campagne visuelle, intitulée “An nou doubout o ka pou Sentdézaw”, est menée par Cap Excellence, notamment sur sa page Facebook. Elle met en scène près d’une cinquantaine d’acteurs culturels guadeloupéens, martiniquais et autres qui disent “se mobiliser pour une culture de l’excellence” au Centre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre.

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Parmi eux, on trouve Max Jeanne (romancier), Rony Théophile (chanteur), Mario Canonge (pianiste, auteur, compositeur), Béliza Troupé (plasticienne), Winny Kaona (chanteuse), Érick Lequime (producteur d’événements), Frédéric Caracas (musicien), Jocelyne Béroard (chanteuse), Gisèle Pineau (écrivaine), Ronald Cyrille (plasticien), Tanya Saint-Val (chanteuse) etc.

Même si elle est louable, on a du mal à comprendre cette mobilisation actuelle qui aurait dû se produire il y a des années … mais il n’est jamais trop tard pour bien faire, comme dit le dicton. Si tout avance pour le mieux, on a du mal à comprendre cette mobilisation actuelle organisée avec la bénédiction de Cap Excellence laquelle a dû prendre en charge la rémunération des photographes ayant photographié ces différents acteurs culturels… Pourquoi se mobiliser maintenant? Qui veut-on sensibiliser? Le public? Ce dernier ne va-t-il pas finir par se lasser de ce feuilleton tourné sans scénario mais avec beaucoup d’improvisation?

On devrait surtout se demander si Cap Excellence a réussi à rassembler les fonds nécessaires à la reprise du chantier. Si la réponse est non, cette campagne a-t-elle pour objectif de “faire pression” sur les potentiels financeurs qui hésitent encore? La première séance de travail de la communauté d’agglomération et des financeurs sollicités était le 13 juillet 2021.

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Vers un projet moins important ?

On se souvient que la communauté d’agglomération espérait une participation des deux collectivités majeures que sont la Région

Guadeloupe et le Département Guadeloupe mais aussi celle de l’État qui semblait plus compliquée à obtenir… Afin de ne pas supporter seule le coût de ces travaux, Cap Excellence avait affirmé que le Centre des Arts et de la Culture construit par l’architecte français Jean Le Couteur (1916-2010) pour la ville de Pointe-à-Pitre et inauguré en 1978 était devenu le Centre des Arts et de la Culture de toute la Guadeloupe. Cet argument, nous l’avions déjà dit, était recevable jusqu’à la fermeture de l’édifice pour rénovation et agrandissement il y a bientôt 15 ans mais depuis, les lieux culturels se sont multipliés dans l’archipel et le Centre des Arts et de la Culture de Pointe-à-Pitre n’est plus en situation de monopole.

En tout cas, Cap Excellence avait déclaré, en juillet 2022, que les travaux de réhabilitation débuteront au cours du premier semestre de 2023. Nous y sommes, même si une date précise aurait été appréciable vu les années de retard de ce chantier… On apprenait que les deux exécutifs des grandes collectivités se disaient intéressés pour apporter leur contribution financière mais pas un mot sur celle de l’État. On notait aussi que si les délais concernant ce financement n’étaient pas respectés, dans le plan pluriannuel d’investissement de Cap Excellence, la somme pour réaliser la grande salle de spectacle de 1 200 places était “sanctuarisée” donc celle-ci verrait bien le jour afin de permettre aux artistes de diffuser leurs créations. On en déduit alors que ce futur Centre des Arts et de la Culture serait amputé de certains équipements peut-être le studio d’enregistrement, la salle de 120 places assises ou les commerces etc.

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Vers la fin de l’aventure

De leur côté, les “squatters”, les “résistants” ou ceux qui ont investi le Centre des Arts et de la Culture depuis le 5 juillet 2021 n’ont pas l’intention de quitter les lieux, pour le moment. Au cours du mois de décembre dernier, le public pouvait voir, autour de l’édifice, trois grand panneaux sur lesquels était inscrit en rouge “Chantier interdit au public”. Depuis, il ne reste qu’un seul panneau, le moins visible depuis l’entrée des visiteurs.

Le 27 décembre dernier (donc durant les vacances scolaires de Noël, période où les Guadeloupéens de l’Hexagone et les touristes sont nombreux), le “Kòlektif Awtis Rézistans” qui a renommé le bâtiment “Centre des Arts et de la Culture Maryse Condé” a publié un message sur Facebook annonçant que celui-ci est ouvert tous les jours de 10h00 à 17h00, que plus de 300 oeuvres d’art attendent la venue des visiteurs.

Dans un autre post, il est même demandé au public de venir “vite au CAC avant qu’il ne soit trop tard”. Faut-il comprendre que, pour effacer toute trace de protestation, les oeuvres de cette “aventure” collective ne seront pas intégrées dans les plans de rénovation et d’extension du bâtiment conçus par le cabinet d’architecture Babel?

Les “squatters” n’ont pas dû faire bonne impression sur le programmiste dépêché sur place pour repenser le projet…

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Affiche: @1so.blue