Ronald Cyrille : entre résidence et festival

Du 5 février au 15 mars, l’artiste-peintre Ronald Cyrille alias “Black Bird” était en résidence à l’Habitation La Ramée à Sainte-Rose (Guadeloupe). Ce séjour a été interrompu car l’artiste a dû se rendre à Miami pour participer au Tout Monde Festival qui s’est tenu du 1er au 4 mars. Le 23 mars dernier a eu lieu le vernissage de l’exposition intitulée “Traces d’Hier, Empreintes d’Aujourd’hui” composée d’oeuvres qu’il a produites durant cette résidence.

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L’exposition “Traces d’Hier, Empreintes d’Aujourd’hui” se compose exactement de 43 oeuvres s’inspirant de contes et de mythes créoles mais ayant une résonnance avec l’actualité de la Guadeloupe (problèmes au Centre Hospitalier de Pointe-à-Pitre, violence, manque d’eau etc). “La trace est plus aléatoire, l’empreinte est plus parlante, elle est comme une carte d’identité. Au début, quand je faisais des graffiti, les gens s’interrogeaient sur ce que je faisais dans la rue et, petit à petit, il y a eu une reconnaissance, une affirmation de ce travail même s’il est amené à s’effacer avec le temps”, explique Ronald Cyrille alias “Black Bird”.

Ces oeuvres sont classées en plusieurs séries : la première, appelée “Full and Cuts”, utilise le découpage et le collage ; la deuxième, “Key Escape”, est composée de tableaux, de dessins et d’installations ; la troisième, “Street Art”, a été réalisée sur de grandes toiles avec de la peinture en aérosol ; la quatrième, “Aléatoire”, comprend des oeuvres faites avec de l’encre (sur papier) ou de la peinture acrylique et deux installations dont l’une symbolisant à l’aide d’un tuyau d’arrosage le manque d’eau actuel dans certains foyers guadeloupéens…

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De l’Habitation La Ramée…

Pendant ces semaines en résidence passées à Sainte-Rose à l’Habitation La Ramée, une demeure coloniale construite au 18e siècle, l’artiste s’est donc consacré totalement à son art.“Je n’ai pas eu à m’inquiéter du matériel pour peindre, tout a été fourni, et je résidais sur place. Donc, je pouvais produire en toute tranquillité. C’était une bonne expérience”, déclare-t-il. Par ailleurs, Ronald Cyrille a animé un atelier de peinture destiné au public et deux autres ateliers à destination des élèves du Lycée Sony Rupaire de Sainte-Rose autour des thèmes “S’indigner et dénoncer” et “Du graffiti au street art”. En outre, l’artiste a invité un peintre de sa génération, Denis Ninine, à dialoguer avec lui, artistiquement.

La livraison des travaux a eu lieu lors du vernissage, le 23 mars dernier, en présence de Josette Borel-Lincertin, la présidente du Conseil Départemental de la Guadeloupe, la collectivité organisatrice de cette résidence d’artistes et propriétaire de l’Habitation La Ramée depuis 1988. Du 26 mars jusqu’au 29 juin, le public est donc invité à visiter l’exposition “Traces d’Hier, Empreintes d’Aujourd’hui”.

Ce n’était pas la première fois que Ronald Cyrille participait à ce type d’expérience. En 2015, il avait été accueilli au Caribbean Linked III” à Aruba en compagnie de 11autres jeunes artistes de la Caraïbe (Jamaïque, Haïti, Barbade, Trinidad & Tobago, Bahamas, Curaçao, Aruba, Surinam, Guyana, Saint-Vincent et les Grenadines).

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Au Bandjoun Station House via le Tout-Monde Festival

La période en résidence de Ronald Cyrille était initialement du 5 février au 5 mars mais elle a été prolongée d’une dizaine de jours car l’artiste a dû se rendre à Miami (États-Unis), le 27 février, afin de participer à la 1ère édition du Tout-Monde Festival qui s’est déroulé du 1er au 4 mars dernier. “J’ai reçu deux invitations: l’une de l’Ambassade de France et l’autre du groupe d’artistes “Street Art for Mankind”. Là-bas, j’ai réalisé une toile en live en association avec le street danseur de Miami Stephan Gibson et le slammer de Martinique Black Kalagan”, raconte-t-il. Ronald Cyrille s’est également rendu à l’International Studies Charter High School à Miami, l’un des meilleurs lycées américains, où il a effectué une prestation artistique et échangé en français et en anglais avec les élèves de plusieurs classes.

Précisons que Ronald Cyrille faisait partie de la vingtaine d’artistes originaires de la Caraïbe (Guadeloupe, Martinique, Guyane française, Haïti, Cuba, Venezuela) qui était invitée au Tout-Monde Festival, organisé par les services culturels de l’Ambassade France à Miami sous le patronage de Christiane Taubira, ambassadrice culturelle du festival et ex Ministre de la Justice de la France.

Dans quelque temps, Ronald Cyrille s’envolera pour le Cameroun pour sa troisième résidence d’artistes à Bandjoun Station. En effet, l’an dernier, le peintre camerounais à l’initiative de ce projet, Barthélémy Toguo, était dans l’île, il a rencontré le jeune peintre et a fait l’acquisition de quatre de ses tableaux qui font, désormais, partie de l’exposition intitulée “L’Afrique, le Grand Festin” visible à la prestigieuse Galerie d’Art Contemporain Mario Mauroner (MAM) à Vienne, en Autriche. À ce moment-là, il a aussi invité Ronald Cyrille à venir en résidence dans son pays…