Ils détestent le Zouk, ils s’inspirent du Zouk et ils viennent nous vendre leur “sauce”…

Les ennemis du Zouk ne peuvent désormais plus se cacher ou faire semblant. Dans notre éditorial, intitulé Pourquoi la tournée “Hommage à Jacob Desvarieux”/Kassav’ ne débute-t-elle pas par la Guadeloupe?” et daté du 17 mars dernier, nous avions abordé cette campagne de dénigrement dont a souffert le Zouk il y a une vingtaine d’années et qui est encore d’actualité alors que cette jeune musique a fait ses preuves (façon de parler!) aux quatre coins du monde. En effet, grâce au groupe Kassav’, son inventeur en 1979, le Zouk n’a cessé de voyager, ses membres étant de Guadeloupe et Martinique, territoires français, Kassav’ a été classé le groupe français numéro 1 concernant les tournées à l’étranger.

Nous sommes soulagés que, depuis notre article, des voix s’élèvent pour défendre cette musique et dénoncer les “ennemis du Zouk”. Les “sentinelles” du Zouk se lèvent enfin…

Dernièrement, les propos (datant de 2017) d’un chanteur qui vient de la banlieue parisienne ont été exhumés. Ce dernier affirmait “détester le Zouk” et pensait ne jamais en faire. Cependant, de sa production musicale émane une forte odeur de Zouk. Comme dirait le dicton : “On déteste l’Américain mais on aime son biscuit”… Aujourd’hui, il veut nous expliquer à sa façon le sens du mot “détester”, c’est vraiment nous prendre pour des imbéciles sous les tropiques… Et, sans vergogne, il vient même dans nos îles de la Caraïbe, là où est né le Zouk, nous vendre sa “sauce”. “Crachez sur la Croix, on revient toujours au pied de la Croix”, comme dit le dicton. Les billets de ses concerts qui ont lieu ces jours-ci sont vendus à des jeunes qui en ont fait une “star”. Est-ce entièrement de leur faute? Ces jeunes sont attirés par la nouveauté, ils n’ont aucune culture musicale locale d’abord à cause de leurs parents et ils sont aussi biberonnés avec des sonorités venues d’ailleurs par des radios dites “jeunes”. De plus, avec l’avènement d’internet, il n’existe désormais plus aucune frontière.

Ces artistes devraient remercier le Zouk et reconnaître qu’ils s’inspirent de cette musique et non pas revendiquer qu’ils font du RnB ou du Dancehall. Inutile de leur dire qu’ils n’iront pas montrer aux Américains comment faire du RnB ou aux Jamaïcains comment faire du Dancehall. Il n’est pas sûr que les portes de ces marchés s’ouvrent devant eux. Ils seront des “Rois et Reines du RnB ou Dancehall” mais chez eux…

Contrairement à ces artistes qui “détestent” le Zouk mais le copient volontiers, Miles Davis (1926-1991) a avoué avoir été séduit par Kassav’ et son Zouk, le groupe caribéen a d’ailleurs influencé la musique du dernier album studio Amandla de l’immense trompettiste de Jazz américain, sorti en 1989. Quand des légendes de musique se rencontrent, elles se respectent.

Il y a quelques jours, la radio nationale “locale”, a consacré une journée à Kassav’, une belle initiative qui a surtout permis aux générations qui ont grandi avec ce groupe de ré-écouter ses anciens tubes, de danser et chanter. Mais quel impact cette émission spéciale Kassav’ a-t-elle eu sur nos jeunes? Aucun, car ils sont branchés sur des fréquences “de jeunes” et malheureusement, pour nombre d’entre eux, les membres de Kassav’ sont les “papis et mamies du Zouk”, une musique écoutée par leurs parents ou grands-parents.

Que faire afin de faire respecter le Zouk? Devons-nous créer une “Journée régionale, nationale ou internationale du Zouk”?

Certaines musiques ont déjà leur “journée” officielle. C’est le cas du Jazz né aux États-Unis ; sa journée internationale a été fixée au 30 avril depuis novembre 2011 par l’Unesco avec des concerts partout dans le monde. En 2005, un décret présidentiel a déclaré que le 26 novembre sera la “Journée nationale du Merengue” en République dominicaine. La journée internationale du Reggae existe depuis le 1er juillet 1994. Le 9 janvier 2008, le gouvernement de la Jamaïque a déclaré février comme le Mois du Reggae afin de mettre en valeur l’impact de ce genre musical sur le développement social, culturel et économique du pays.