Quand Xénia Caraïbe retrouve les membres de “Nipa”…

Xénia, Julia, Jerricka et Amélie "Mimi"

Tous les membres du groupe “Nipa” dont la chanteuse guadeloupéenne Xénia Caraïbe se sont retrouvés en septembre dernier à Paris près de 20 ans après leur “séparation” professionnelle. Au menu de ces retrouvailles, le ré-enregistrement d’un titre et le tournage d’un clip.

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Ne dit-on pas que la distance et le temps ne séparent jamais une vraie famille ? C’est l’expérience qu’ont vécu dernièrement tous les membres de “Nipa” qui, spontanément, ont décidé de se retrouver à Paris, dix-huit ans après leur “séparation” professionnelle.

Cette rencontre qui aurait semblé compliquée à organiser s’est faite naturellement. Il faut préciser que, durant toutes ces années, chaque membre de “Nipa” a poursuivi sa carrière de son côté, il a donc fallu choisir les bonnes dates en fonction de l’agenda professionnel de chacun.

Amélie “Mimi” Mbaye – chanteuse et actrice – qui était à Los Angeles (États-Unis), Jerrika Jacques-Gustave, à Marbella (Espagne), Pédro Wognin, à Abidjan (Côte d’Ivoire) et Xénia Caraïbe, à Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) ont tous pris l’avion pour rejoindre dans la capitale française les autres membres de “Nipa” qui y vivent. En l’espace de cinq jours, ces artistes ont démontré leur grand professionnalisme en ré-enregistrant en studio, après une courte répétition, un de leurs célèbres titres intitulé “Atôflô” (mot en langue abouré parlée entre autres au Gahna et en Côte l’Ivoire signifiant “Célébration d’un banquet nuptial”).

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Des langues africaines valorisées

Ensuite, les artistes accompagnés d’une équipe technique se sont rendus au domicile d’une chanteuse du groupe dans le 16e arrondissement de Paris afin d’y tourner le clip de cette chanson. “Le scénario de cette vidéo est une reconstitution d’une cérémonie de mariage du peuple Akan. C’est l’occasion pour le marié et la mariée ainsi que pour les invités de revêtir les tenues traditionnelles qui sont, par exemple, faites dans un beau tissu appelé “kita”. Au cours de ce tournage, un repas de retrouvailles a aussi été organisé”, raconte la chanteuse guadeloupéenne Xénia Caraïbe.

Malgré ce timing très serré, le membres de “Nipa” ont eu le temps de se rendre au restaurant et de passer ensemble des moments très agréables comme s’ils s’étaient quittés la veille…

En Guadeloupe, certains se souviennent certainement de “Nipa” (mot en ashanti qui veut dire “Être humain”) car ce groupe a eu l’opportunité de se produire sur scène lors du 5e “Festival Lokans Voix Sacrées” en 2006. Xénia Caraïbe se souvient de cette première prestation dans l’île : “C’est moi qui avais rencontré les organisateurs de ce festival pour leur proposer notre participation. Ils avaient écouté notre CD avant de prendre une décision. En Guadeloupe, les gens étaient très étonnés de voir Jerricka qui est Martiniquaise et moi, Guadeloupéenne, chanter dans ces langues africaines c’est-à-dire en ashanti, twi, fon, abouré etc. C’était la première fois que “Nipa” – un groupe de chanteurs a cappella, à l’époque composé de Pédro, Élom, Sélom, Jerricka et moi – se produisait aux Antilles”.

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Un groupe international

C’est le chanteur Pédro Wognin alias Soul Ayom, originaire de la Côte d’Ivoire, qui crée “Nipa”, en 1989. Ce dernier qui est d’ailleurs un excellent chanteur de soul souhaite mettre en valeur les langues du continent africain à travers le chant sans acompagnement musical. La formation a cappella se compose de filles (Mimi du Sénégal, Julia du Cameroun, Jerrycka de la Martinique et Xénia de la Guadeloupe) et de garçons (Élom et Sélom du Togo ainsi que Pédro de la Côte d’Ivoire).

Aujourd’hui, “Nipa” compte dix membres : 2 ténors, 3 soprani, 2 alti, 1 basse, 1 guitariste et 1 percussionniste. Cette configuration nouvelle de 10 personnes ouvre de façon exponentielle le champ lexical et sémantique dans son rapport à l’aléatoire contrôlé, car chaque intervenant arrive dans l’improvisation avec son background socio-culturel qui “striure” sa pensée, pour le plaisir de l’ensemble et du public, affirme le fondateur de Nipa.

Bien que la majorité de ses membres soit originaire d’Afrique sub-saharienne, “Nipa” n’a malheureusement jamais chanté en Côte d’Ivoire, au Cameroun, au Togo ou encore au Sénégal.

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Ovations

Cependant, le groupe s’est produit en Guadeloupe en 2000 et 2006 et Martinique en 2010 ainsi que sur diverses scènes européennes et canadiennes où il a reçu un accueil très chaleureux de la part du public, à savoir : France hexagonale en 1997 et 1998; Suisse en 1990 et 1991 (Festival de Jazz de Montreux); Canada en 1993 (Harrisson Spring Folk Festival, Winnipeg Folk Music Festival, Vancouver Folk Music Festival); Pays-Bas et Allemagne en 1993 et 1994; Espagne en 1997, 1998, 1999 etc. Il faut aussi préciser qu’après 2000 le groupe a continué faire des concerts mais avec un nombre de membres très restreint. Je me souviens d’un concert que nous avions donné à Saint-Jacques-de-Compostelle en Espagne devant des milliers de personnes. À la fin, nous avions été ovationnés puis nous avons vu arriver des policiers à cheval, nous pensions qu’ils étaient là pour une célébrité mais on nous a dit qu’ils étaient venus nous escorter. Nous étions vraiment très surpris (…), raconte Xénia Caraïbe.

“Nipa” devrait prochainement repartir en tournée avec sûrement des escales dans la Caraïbe car, après les albums intitulés “Ghana a Cappella” (1993) et “Là” (2001), le troisième opus “Vocal Ways” sortira dans quelques semaines.