
Dès le début, Kariculture a suivi la collaboration entre Monique Montout qui oeuvre dans les arts plastiques depuis des années et d’Évanor Ficadière, cet artiste plasticien, diplômé des Beaux-Arts de Paris. Grâce à leur talent, ils ont décidé de sauver notre environnement avec l’art comme arme.
Avant de débuter, il y a deux ans, cette nouvelle activité en relation avec les pneus usagés, Monique Montout avait déjà exercé plusieurs activités professionnelles. En effet, Monique qui est une grande amoureuse des fleurs et des plantes, a d’abord été fleuriste, il y a quelques années. Ensuite, elle a fermé son magasin pour se consacrer à l’artisanat : “Avec mon fils qui est menuisier, je travaillais le bois flotté, je faisais pas mal de choses qui étaient très demandées et appréciées comme des supports de plantes, des consoles etc. Je suis une personne qui a toujours été dans le domaine des arts plastiques, j’ai également fait plusieurs expositions, je tâte un peu partout”, raconte-t-elle.
Aujourd’hui sa maison à Petit-Bourg accueille toujours le public car elle possède un jardin avec de nombreuses espèces de broméliacées : “je fais la collection de ces plantes, les gens qui passent me demandent pour le visiter”.
Une matière première nombreuse
Dans le monde, on sait que les pneus usagés constituent un fléau, certaines personnes conscientes qu’il faut sauver la planète ont choisi de les recycler. Monique Montout fait partie de celles-ci : “le cache-pot était une très bonne idée pour la décoration du jardin, autour d’une piscine…”. Travailler le pneu, c’est long et difficile mais elle n’a pas abandonné. “Il faut d’abord couper, ensuite il faut retourner le pneu, je suis parfois obligée de demander à un homme de m’aider ; il faut une heure pour faire cette première étape afin de réaliser un cache-pot”, explique-t-elle.
Dans une île de Guadeloupe où la voiture est partout, Monique n’a jamais de difficulté pour trouver des pneus, sa matière première : “je vais les chercher dans les garages automobiles, ils me disent d’en prendre le nombre que je veux car ils sont bien contents de s’en débarrasser. Je choisis ceux qui ne sont ni trop grands, ni trop petits”.
Une fois que le pneu est transformé en cache-pot, une autre étape plus artistique commence. En effet, après avoir travaillé seule pendant deux ans, Monique Montout a voulu innover. Elle a fait appel à Évanor Ficadière que Kariculture a présenté en avril dernier.
Faire du neuf et du beau avec du vieux
À travers l’article que nous lui avions consacré, la Guadeloupe a alors découvert ce talentueux artiste plasticien, originaire de Capesterre Belle-Eau, qui s’est installé en France hexagonale depuis une trentaine d’années, après avoir étudié à l’École Nationale des Beaux-Arts de Paris.
“Monique m’a contacté en me disant qu’elle fabrique des cache-pots avec des pneus et qu’elle recherchait un artiste pour les peindre, ajouter des “trucs du pays”. Je suis parti chez moi avec 4 ou 5 pneus pour faire un essai et quand je lui ai rapporté le travail, elle m’a dit que c’est exactement ce qu’elle voulait. Monique m’a fait confiance et depuis, nous collaborons ensemble. C’est une nouvelle expérience pour moi, peindre sur des pneus, ce n’est pas peindre sur une toile ou un mur, c’est une autre technique. Le pneu est rond, il faut trouver les bons angles pour placer tous les éléments. Et puis, il fallait trouver une peinture qui s’accroche parfaitement au pneu et qui dure longtemps puisque ces cache-pots sont amenés à être au soleil, sous la pluie. C’est aussi un projet intéressant qui concerne le recyclage donc l’environnement : nous faisons du neuf avec du vieux, nous donnons de la valeur à du vieux”, explique Évanor Ficadière.
Des images typiques de Guadeloupe
Les fleurs (notamment les hibiscus), les oiseaux (notamment les colibris), les cocotiers, la mer, la montagne, le soleil que reproduit l’artiste sur les pneus plaisent énormément au public. Aussitôt livrés chez Monique, les cache-pots devenus des oeuvres d’art, sont vendus comme des petits pains. “Il m’arrive de faire deux livraisons par jour chez Monique à Petit-Bourg pour lui apporter des cache-pots peints car elle doit satisfaire la demande de la clientèle”, dit l’artiste.
À l’occasion de la Fête des Mères, Monique Montout a décidé de montrer aux visiteurs le travail réalisé avec Évanor Ficadière, dans son jardin : “cela faisait trois ans que je n’avais pas fait de choses aussi “grandioses”. Les gens ont acheté les cache-pots par deux. Une cliente m’a même dit : “je ne mettrai pas mon pneu dehors mais dans ma maison”. Les acheteurs sont surtout des femmes qui aiment les plantes et l’art, mais les hommes me disent aussi qu’ils apprécient ces cache-pots. Certains visiteurs m’ont aussi dit : “je me sens bien chez vous, on sent qu’il y a de l’amour dans ce que vous faites, ce soir je dormirai bien”, raconte-t-elle.
Un showroom avec différents cache-pots
Dans deux mois, le public pourra visiter un showroom avec tous les modèles de cache-pots que Monique Montout et Évanor Ficadière sont en train de fabriquer. “Il ne faut pas rester dans son coin, il faut proposer, se faire connaître. Je ne ferai pas ce showroom dans mon jardin mais ailleurs, j’ai déjà deux propositions de lieux (…)”, déclare Monique.
Quant à Évanor, il n’a pas encore regagné l’Hexagone car le confinement ayant entraîné une pénurie de peinture en bombes, il avait dû stopper une fresque qu’il réalisait à l’école maternelle de Sarlassonne à Capesterre Belle-Eau. Aujourd’hui, il termine cette commande mais, même si tôt ou tard il doit retourner dans son atelier à Villeneuse Saint-Georges, il veut continuer à collaborer avec Monique car il revient régulièrement dans son île natale. “Si cette activité prend une grosse ampleur, il faudra un atelier où nous pourrions produire une dizaine ou quinzaine de cache-pots par jour, c’est faisable”, pense-t-il.